D'hier à aujourd'hui
Entre les petites et grandes histoires, les Oisseliens retrouveront les empreintes que le temps à laissé derrière lui
Oisseau avait naguère ses petits métiers, ses habitudes de vie bien typées, dont quelques vieilles photographies nous rendent parfois le charme suranné.
Hommes trapus aux larges moustaches, femmes rondelettes aux robes épaisses, tombant jusque sur leurs chevilles... Ils travaillaient dur ces Oisseliens. Cela se voit sur les visages et sur leurs mains. Mais leur nature robuste dit assez que leur peine ne les privait pas entièrement des plaisirs de leur temps.
Des tranches de vie retrouvées...
Au début du 20è siècle, les rues de Oisseau résonnaient encore du bruit des métiers à tisser. Le tissage à domicile était en effet une des grandes activités de notre commune. L'hiver, le tisserand pouvait travailler, souvent aidé de son épouse ou de ses enfants dans la maison cave de son habitation. Disposant d'un faible éclairage et d'un modeste feu pour se réchauffer, il passait six mois de l'année enfermé dans son atelier. Pendant l'été, le tisserand ne pouvait pas tenir son ouvrage car l'humidité était insuffisante. Il profitait de ces trois mois de chômage forcé pour participer aux travaux de fanerie et de moisson chez les fermiers de la commune. Les femmes restées à la maison, rouissaient et filaient le chanvre. Parfois, elles allaient travailler chez les agriculteurs du coin.
C'était folie en ce temps là...
Ce siècle avait un an, cinq, dix, vingt, cinquante.... Chaque année, l'été ramenait le soleil, les blés murs et les moissonneurs dans les champs. Les sabots des chevaux répondaient en écho à ceux des hommes, tandis qu'au rythme cadencé des battous et de leurs fléaux, les grains se détachaient de l'épi.
La machine vint remplacer l'animal, modernisa l'outil, mais la sueur était toujours la, même sous le chapeau de paille. Hommes et femmes de Oisseau, retrouvaient la saveur des moissons et des gestes appris de leurs parents, courbés sous le joug d'une vie âpre et dure, qui ne fit même pas l'économie de deux sillons sanglants de la guerre. Grâce à la carriole, paysans et villageois pouvaient sortir de le campagne ou du village, gagner la ville pour le marché et la foire. Et c'est encore une autre histoire.
Battre le linge et la langue
Le lavoir... Nostalgie de temps révolu, évoque encore pour certains d'entre nous, les odeurs chaudes du linge bouilli, le claquement des battoirs, les éclats de voix et des rires des laveuses agenouillées dans leur carrosse, évoquant à qui voulait bien les entendre, les derniers petits potins de la commune. Tant mieux pour le progrès, dommage pour le pittoresque, ils s'y racontaient tant et tant de choses.
" Mon Ermitage " - " Oisseau, Pays unique " - " Le nombril de la France " - " La chanson du Maire "; ces quelques titres choisis de Paul Yorel suffisent à nous évoquer leur poésie et permettront à nos anciens de les fredonner encore une fois.
En ce temps là, le Père Noël n'était pas riche. C'est ce que décrétaient les parents devant les mines d'enfants déçues lorsqu'ils apercevaient le petite boîte de crayons de couleurs et l'orange luisante dans les galoches généreusement cirées.
" Le Vieux douanier " - " Joie de vivre " - " Louise de la Valière " - " Plume au vent ", ont rassemblé jeunes et moins jeunes autour de la fanfare crée en 1901 par Ernest Bertrand, meunier au moulin de la Courbe.
Quelques uns parmi nous se souviennent du camp de Marêtre et de ses fameux radars, mitraillés plusieurs fois par l'aviation alliée. Et ce sera bientôt la joie des prisonniers de retour de captivité. Les bougies, les lampes à pétrole, les lampes tempête... C'était avant guerre direz-vous ! Raté, ce n'est qu'au début des années cinquante que les derniers raccordements furent achevés en campagne.
Rheu rheu caverneux, les voitures envahissent peu à peu la vie quotidienne des Oisseliens. De l'histoire à moudre avec ces vieilles bâtisses remplies de craquements, de grondements des rouages en bois, des vibrations, le ronronnement régulier des roues à aube, ce sont celles des moulins de la Courbe, de Besnier et de Tanis et jadis de Quincampoix.
Au village, le cordier tresse les cordes, le boulanger pétrit son pain. Le sabotier creuse les sabots. A la faux qui siffle légère, succède la faucheuse montée sur deux roues, attelée à une jument qui entre dans le champ à grands cliquetis de fer. Dépassé, le tramway aura eu le temps de poser ses rails et déjà de disparaître. Souvenirs du temps quand les marchands de " piaux de d'lapins" déambulaient le long de nos chemins pierreux.
Gestes surannés, qu'enjolive le temps passé, devenus plus que parfait avec les ans. Le labour, l'alambic, la traite, le cerclage des tonneaux, autant d'images Oisseliennes, belles... Belle, comme la petite école, avec ses dictées et ses rédactions. Il y avait le calcul mental et les fameuses tables de multiplication. L'histoire et la géographie étaient au programme. Les écoliers arrivaient à l'école en sabots de bois et écrivaient à la plume sergent-major.
Objets aujourd'hui disparus, le porte-plume, l'encre violette, tout comme le sarrau, la blouse de l'écolier qui se boutonnait par derrière, le plumier et le poêle, alors unique source de chaleur. Les élèves au champ, l'instituteur avait ôté sa blouse grise, rangé ses cartes du monde, les encriers de porcelaine et les rêves de certificat d'études.
Et puis, et puis...
Les glaives des maïs ont poussé leurs dards dans les champs en rangs serrés. A l'agonie, les batteuses qui ronflaient si joyeusement dans l'aire de la ferme. Aujourd'hui, la moissonneuse dévore tout en une seule fois.
Le charron, métier d'artiste aux gros muscles a été abandonné sur les voies du progrès quand les tracteurs sont arrivés dans les champs.
Pendant des décennies, les Oisseliens ont vécu au rythme saccadé du marteau sur l'enclume. Mais un jour, le maréchal ferrant a vu lui aussi disparaître son métier. Crée en 1885 par la famille Delente, l'usine de tissage ferme ses portes le 29 février 1968. Cauchemar moral, sentimental et matériel, la grande famille Oisselienne s'est retrouvée démantelée à l'annonce du licenciement de 75 salariés.
L'évolution des mœurs et des modes a été fatale à tous ces métiers. A l'heure d'Internet et des voyages dans l'espace, nous sommes bien loin des débuts de la TSF et des premières apparitions de Catherine Langeais sur le petit écran de télévision noir et blanc.
Oui, en l'espace de si peu d'années, il s'en est passé des évènements à Oisseau.